Fabienne est une personne exceptionnelle qui a suivi sa passion pour l'agriculture biologique en réalisant une reconversion professionnelle réussie tout en gardant les valeurs qui lui tenaient à cœur: la famille, la contribution et la responsabilité environnementale.
Après avoir travaillé plus de 10 ans dans le domaine des Ressources Humaines, elle a décidé de changer de vie aux côtés de son mari en se lançant dans une nouvelle aventure en milieu rural.
Aujourd'hui, elle est fière de sa transition vers l'agriculture biologique et partage son expérience inspirante pour aider les autres à suivre leur rêve de changer de carrière. Découvrez l'histoire fascinante de Fabienne et comment elle a réalisé une reconversion professionnelle vers l'agriculture biologique dans ce récit inspirant.
Qu’est-ce qui vous a motivé à faire une reconversion professionnelle ?
Tout a commencé grâce à mon mari. Nous partageons un profil similaire, ayant tous les deux étudié dans une école de commerce.
Lui est plutôt du côté de la vente et des achats et moi du côté des ressources humaines.
Sur le papier, nous partagions une vie confortable : une maison, une bonne situation professionnelle et deux magnifiques enfants.
Cependant, alors que mon mari travaillait depuis plus de 10 ans dans l'industrie, il a commencé à ressentir un certain manque. Travailler pour un grand groupe industriel le rendait anonyme et impersonnel. Il avait surtout l’impression de devoir exécuter des ordres alors que cela ne correspondait pas à ses valeurs. Il ne trouvait pas de sens profond à son travail (moi non plus d’ailleurs). C'est alors que l'envie d'entreprendre a commencé à grandir en lui.
Début 2019 a été une épreuve pour nous, car mon mari a été licencié. Mais cet événement est rapidement devenu une opportunité. Mon mari a donc pris le temps de mieux se connaître grâce à des tests de personnalité et a cherché un métier qui correspondait à ses valeurs, à ses besoins et à sa personnalité. Son objectif était de commencer une nouvelle vie avec un métier qui lui apporterait de la réflexion, de la créativité et surtout un côté manuel qu'il n'avait pas connu auparavant. Il a ainsi exploré de nombreux métiers passionnants, tels que chocolatier, pâtissier, restaurateur et ébéniste.
Parallèlement, il a commencé à cultiver son propre jardin. C'est alors que je suis tombée sur un livre sur la permaculture à la bibliothèque et que j'ai pensé que cela pourrait l'intéresser. Et, je ne me suis pas trompée, il a dévoré le livre en une semaine et m'a dit :
C'est exactement ce que je veux faire.
À partir de là, nous avons commencé à réfléchir à cette nouvelle organisation. Nous savions que cela ne concernait pas seulement son projet professionnel, mais toute notre famille. Mon mari a donc entrepris une formation à distance de 18 mois pour obtenir le brevet professionnel de responsable d'exploitation agricole.
Cette formation a-t-elle été prise en charge par Pôle emploi ?
Cette formation a été prise en charge par VIVEA, il s'agit de fonds de formation Européen pour les agriculteurs et porteurs de projets agricoles.
Grâce à VIVEA, Pôle emploi et le CPF (Compte Personnel de Formation), mon mari a pu financer une grande partie des formations nécessaires pour entreprendre ce virage à 180 degrés. Il a également été accompagné tout au long de la préparation de ce projet par la chambre d'Agriculture, dans le cadre d'un PPP, c'est-à-dire d'un Plan de Professionnalisation Personnalisé.
Ses cours pouvaient se faire à distance, ce qui était pratique pour notre vie de famille, étant donné que je travaillais en tant que responsable d'un service en contrôle de gestion sociale et que nos enfants étaient encore très jeunes. Pendant sa formation, je me suis surprise à suivre ses cours par-dessus son épaule et à lire certains de ses livres.
Au début, j'ai pensé que c'était à moi d'assurer financièrement et que je devais garder mon poste pour maintenir un salaire tous les mois.
Cependant, la vie en a décidé autrement : je fais face à un licenciement économique.
Cela a remis en question notre plan financier initial, mais mon mari m'a encouragée à voir cela comme un signe pour avancer main dans la main.
Après mûre réflexion, j'ai compris que le projet professionnel de mon mari était en réalité un projet de vie, et qu'il était donc essentiel que nous le vivions ensemble pour rester unis.
Lors du confinement, nous avons également pris conscience de l'importance d'être proche de nos familles. Alors nous avons décidé de nous rapprocher de nos parents pour entreprendre une nouvelle aventure : l'agriculture. Nous avons donc entamé la quête d'une propriété avec du terrain pour cultiver des légumes, une mission qui s'est avérée plus difficile que prévue. Après avoir contacté une cinquantaine de propriétés, nous avons finalement eu le coup de cœur lors de la quinzième visite en janvier 2021.
Nous avons patienté jusqu'à la fin de l'année scolaire pour démarrer cette nouvelle vie à quatre. Mon mari a ainsi commencé son activité en novembre 2021 sur une parcelle d'un hectare. De mon côté, je suis accompagnée par Pôle emploi et par la Chambre d'Agrigulture pour ma reconversion professionnelle dans le secteur agricole. Je réalise également le parcours PPP et j'ai suivi une formation spécialisée dans la culture des fruits rouges.
Même si j'ai déjà un peu d'expérience dans la culture de fruits et légumes en amateur, une formation professionnelle est indispensable pour savoir tailler les plants, choisir les bonnes variétés, gérer les ravageurs, adopter une approche écologique, créer un écosystème adapté, etc.
Nous avons finalement récolté notre première saison de légumes en 2022, une expérience à la fois passionnante et stimulante pour nous tous.
Avez-vous eu peur de vous lancer dans une reconversion professionnelle après RH ?
Bien sûr, cela n'a pas été facile de faire la transition d'un mode de vie sédentaire derrière un écran d'ordinateur à un mode de vie physiquement difficile et très incertain en tant que maraîchers.
Nous avons bien sûr eu peur de nous lancer, mais nous avons préparé notre projet pendant presque 3 ans. Maintenant, nous avons confiance et si quelque chose ne va pas, nous saurons l'ajuster en conséquence.
Lorsque l’un de nous deux à une baisse de moral, l’autre est toujours là pour le soutenir. C’est un élément primordial lors d’une reconversion professionnelle.
Et puis, comme nous vivons sur notre lieu de travail, nous ne nous arrêtons jamais. Nous sommes toujours dans l’action. D’ailleurs, nous n'avons plus besoin d'un abonnement à la salle de musculation ! Mais je continue à faire des étirements et mon mari pratique le yoga pour rester en forme.
Lorsque vous avez annoncé votre projet à votre entourage, comment ont-ils réagi ?
Ma famille a toujours été très enthousiaste à l'idée de notre reconversion et nous a énormément aidés l’année de démarrage de l’activité. Du côté de ma belle-famille, la réaction a été plutôt mitigée. Ils ont trouvé cela risqué et peu raisonnable, étant donné que nous avions une situation confortable et un bon salaire. Pour eux, se lancer dans le maraîchage à 40 ans, c'était prendre le risque de ne gagner qu'un SMIC après 4 ans de travail acharné. Mais au fil du temps, ils ont commencé à comprendre notre choix et à s'intéresser à notre projet. Aujourd'hui, ils nous soutiennent. Ils sont là lors des chantiers d’installation comme la serre par exemple. Et ils cherchent même des astuces auprès d'autres maraîchers pour nous aider.
Vous avez mentionné que les quatre premières années seraient difficiles financièrement, pouvez-vous nous en dire plus ?
En effet, les débuts sont difficiles et les revenus ne sont pas au rendez-vous. Mais nous avons conscience que notre projet est avant tout écologique et que nous souhaitons contribuer à notre échelle pour préserver notre planète. Nous avons donc accepté de travailler dur sans nous verser de salaire pour les premières années. Certes, c'est un sacrifice financier, mais nous avons la satisfaction de faire quelque chose qui a du sens et qui est en accord avec nos valeurs.
Nous avons la chance de pouvoir le faire, il a fallu prévoir cela dans le plan de financement. L’objectif est de nous verser un SMIC au bout de 4 ans d’exercice, et de monter progressivement jusque-là sur les 3 premières années.
Comment gérez-vous la peur et le stress liés à ce projet ?
C’est vrai qu’il y a toujours cette peur de l’échec, mais nous avons confiance en nous et nous savons que si nous travaillons dur, nous pourrons réussir. Ce qui est intéressant dans ce type de projet, c'est que nous apprenons à ralentir et à prendre le temps de voir les choses grandir. Nous avons changé de rythme et nous avons réalisé que le monde va trop vite et que nous avons tendance à tout vouloir tout de suite. Ici, nous prenons le temps de cultiver nos légumes et nos fleurs, et cela nous apprend à être patient et à savourer chaque petit progrès.
Nous voulons transmettre ces valeurs à nos enfants et leur apprendre à apprécier les petites choses de la vie qui rendent celle-ci si belle et si précieuse. Nous avançons lentement mais sûrement, et c'est l'essentiel car nous avançons dans la bonne direction.
J’ai vu votre page Facebook et j’ai vu que vous organisez du Wwoofing.
Le Wwoofing est une excellente opportunité pour découvrir le métier d'agriculteur et obtenir de l'expérience. D’ailleurs mon mari en avait fait pour tester son idée.
En plus de permettre de voyager, cela permet de se confronter à la réalité du terrain et de découvrir si un métier est fait pour soi. De plus, cela ne nécessite pas un gros investissement financier comme une formation. Et autre avantage, cela permet de se familiariser avec les techniques agricoles de manière concrète en étant logé, nourri et blanchi.
C'est donc une véritable occasion d'échanger et de partager des expériences enrichissantes. C'est pourquoi nous avons décidé d'accueillir des personnes en wwoofing sur notre ferme, pour leur permettre de découvrir notre métier et notre passion pour l'agriculture.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui veut faire une reconversion professionnelle ?
Si quelqu'un souhaite se reconvertir professionnellement, je lui recommanderais de tester son idée autant que possible avant de se lancer. Il peut faire des stages et interviewer des personnes exerçant le métier en question. Si malheureusement, il se rend compte que ce n'est pas ce qu'il souhaite faire, il devrait se concentrer sur ses besoins et ses envies, et réfléchir à ce qui le motive à se lever le matin.
Il est crucial de bien se préparer en amont car il y a une multitude de choses à prendre en compte lorsque l'on démarre un nouveau projet. Tout ce qui a été fait en amont est un avantage car cela permet de poser un maximum de questions sur les difficultés qui seront rencontrées, et de savoir si on est prêt à y faire face.
Lorsqu'on a un projet de reconversion, on peut avoir une vision idéalisée et penser que tout sera parfait. Mais il est important d'être conscient des difficultés et de bien réfléchir à ses motivations. Avoir une vision à long terme et connaître les réussites et les difficultés des personnes qui ont déjà entrepris ce parcours est essentiel car cela aide à surmonter les doutes et les obstacles qui peuvent surgir.
Dans notre culture française, nous sommes formatés pour avoir la bonne formation, le bon diplôme, et rester dans le même métier pendant des décennies. Mais la vie ne se résume pas à cela. Lorsqu'on entreprend un projet de reconversion, il est important de s'appuyer sur nos compétences et nos qualités, car il y a forcément des choses que nous avons apprises et que nous pourrons réutiliser. Aussi, il ne faut pas hésiter à retourner sur les bancs de l'école si nécessaire.
Par exemple, dans notre cas, il ne faut pas confondre le fait de cultiver des légumes dans son jardin avec la production à grande échelle pour la vente et la subsistance. Il y a des techniques spécifiques et des modes de fonctionnement à connaître, et cela ne s'improvise pas.
Plus on se forme, on rencontre des gens et on observe différentes façons de faire, plus on peut mûrir son propre projet et avancer en fonction de nos instincts.
La reconversion professionnelle de Fabienne et de son mari vers l'agriculture biologique est une source d'inspiration pour tous ceux qui cherchent à suivre leur passion. Leur histoire montre qu'il est possible de changer de carrière même après avoir travaillé pendant des années dans un domaine différent. Leur reconversion est une aventure passionnante qui leur permet de vivre une vie plus connectée à la nature tout en contribuant à la protection de l'environnement.